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bergers, d'hier,d'aujourd'hui et de demain

4 octobre 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-"Tu sais!" lui dis-je: "je ne sais si je pourrais vraiment m'en occuper de cette velle; chez moi, c'est sûr qu'ils vont pas vouloir! et puis, il faut que je te dise, mon père il voudrait que je travaille pour rentrer un peu de sous à la maison;maintenant qu'il veut terminer cette maison qu'il construit au "pesquier", ils ont besoin d'argent pour les matériaux!"
-Je m'en doute qu'il en faut des sous; ce ne doit pas être donné le ciment et les briques! et puis il en faut pour construire une telle bâtisse, le cheval et le charreton, ils en savent quelque chose et moi aussi qui monte tout ça la-haut! et tu ferais quoi comme travail?"
-"Eh bien avec la mobylette, j'irai à Ax faire le garçon de café pour l'été!"
-et là, un silence sans fin envahit la vieille grange.
-"Alors tu pourras pas faire les bêtes cette saison?"
-"Je croie bien bien que non, pour cette année c'est cuit! mais sûrement quand j'aurais du temps de libre, je pourrais venir pour donner un coup de main?"
-"De toute façon, il y aura quelqu'un qui fera le vacher; on trouvera pour la montagne! on n'a pas le choix et toi n'on plus! Pour ta velle , je m'en occuperai, ne t'inquiètte pas; aprés on verra!"
-"Tu sais Vic, il faut que je travaille, ils ont besoin de moi à la maison! à la rentrée je veut apprendre un métier qui me ferait la paye et puis les vaches en supplément; pour moi ce serai la solution! il faut que je continue le métier, mettre en pratique tout ce que j'ai appris et le transmettre. Je vais vivre une période assez difficile, mais je vais y arriver, je le sais! il me faut du temps! ici ou ailleurs, maintenant ou plus tard j'irai sur les montagnes faire le pâtre!"
-On s'était quitté ce jour là, tous les deux avec le coeur gros; on été parti vaquer à nos occupations avec l'esprit assez vide, et pourtant je n'avais pas le choix. Je mis vite en surreté tout ce que je possèdais; mes souvenirs de transhumances, le peu de biens que j'avais récolté depuis ces quelques années contenaient dans une grande caisse de bois que j'avais fabriqué avec du bois de récupération. Tout était en sommeil, maintenant, attendant le jour ou ma décision serait prise de repartir au cul des vaches.

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23 septembre 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-"Tu te rends compte de ce que tu viens de dire Vic!"
-" Ouais-ouais!"
-Dit-il, les yeux perdu dans son tabac à rouler, pour se donner une contenance.
-"On fait naître cette velle, et toi tu me la donnes?"
-"C'est toi qui as tout fait, drolo! Si je l'avais perdue, on serait déçu! et puis, il te faut commencer à faire un troupeau; un gardien sans rien, c'est pas normal. Les gens payent moins à la tête, on te donnes moins de bêtes avec la paye, alors il t'en faut quelques unes pour commencer à vivre! alors c'est comme ça, on va dire que je l'ai perdue, mais c'est toi qui la retrouvée; et on est content tous les deux!"
-" Et Jeanne qu'est ce qu'elle va dire?"
-"Elle dira, rien! c'est tout! et puis elle s'en doute depuis longtemps que je vais t'en donner une pour te lancer. Aprés quand tu l'aura vendue, ou qu'elle t'aura fait d'autres petits, tu en aura d'autres!"
-"Mais toi, tu vas pas pas gagner beaucoup cette année s'il te manque une bête à vendre?"
-" Je ne serai pas plus riche ni plus pauvre; d'ailleurs on est riche quand on a au moins... éh bé, je sais pas, combien il t'en faut!  je crois que plus tu en as plus tu as des embrouilles. Plus d'argent peut-être, mais aprés tu dors plus!
-Maintenant, Jeanne, elle va avoir quatre sous de sa retraite qui vont tomber dans une paire d'années; la fille est grande, et sur Toulouse ou elle travaille, pour nous c'est moins difficile car les études c'est cher!"
-" Mais ou veut-tu que je l'a mette Désirée? j'ai pas de place chez moi! et puis t-y penses pas! mon père et ma mère, ils vont pas marcher dans ton affaire!"
-" Mais, ne t'en fais pas; ton père c'est sûr il veut rien savoir de tout ça, mais Mathilde, elle est comme Jeanne; elle se doute bien de quelque chose! les femmes quand elles se voient, elles y passent tout le monde! de toute manière; il y a la place ici, on s'en occupera tous les deux de ta velle!
- Il avait sorti tout ça, dans son patois, telle une tirade au théatre, enroulant dans cet occitan, de cette voix chantante tout se qui faisait ombre dans sa décision. Je regardais cette petite "Désirée", couchée prés de sa mère. "la Marquise", de sa langue rapeuse terminait la première toilette de ma future vache.




19 septembre 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-"Ce veau, il est gros!"
-Je lançais un bref regard à Vic; il avait tout compris.
--La vache haletait; elle souffrait en silence. Dans un grand soupir Marquise s'affaissait à nouveau. La nature dilatée, laissait apparaître les pattes de son petit qui mettait du temps à naître.
-"Laisse moi faire Vic, j'ai des mains fines; tu m'aideras à tirer quand j'aurais bien lubrifié le passage. prépare l'échelle au mur, on le fera cracher, car depuis qu'elle force il du boire la tasse!"
- Il y avait un bon moment que l'on s'affairait à faire venir au monde le petit de la meneuse. Ce n'était pas souvent qu'elle avait des problèmes à vêler, cette brâve! mais cette année il était mal placé. La vache s'épuisait et semblait sombrer dans le néant, les yeux aguards. Je m'empressais avec l'ancien de lui verser de l'eau sur la nuque. Le seau vidé, la réaction fut immédiate. Une grosse contraction et voila que le petit s'avance un peu plus. La cordelette passée autour des petits sabots nous aida à le faire venir. Il glissa sur la litière inondée. Il respirait. La Marquise soulagée trouva la force de se tourner; dans un beuglement bref elle était sur le petit le lèchant en nous regardant.
-"Cest fait!" dis-je!
-Vic le sourire à la bouche, ne disait toujours rien. Il savait que s'était bon. On l'avait sauvé!
-"Il rompit le silence en me disant:
"Bon! on n'aura pas besoin de le faire rôter celui-là!"
-Je le repris:
-"Celle-là; Vic! celle-là! on l'appelera Désirée! si tu veut?"
-"Tu la nomme comme bon te semble; elle est à toi, je te la donne!"

3 septembre 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-" Dis-moi vic! c'est quand que l'on aime d'amour?"
-Un petit sifflement de brise passa dans mes cheveux déployés, seulement retenus par mon béret. Lui serrant son mégot entre les doigts noircis, me fixa sans me voir, le regard lointain.
-"Toi, tu as quelque chose qui te trotte dans le "ciboulo"! Une fille maintenant!"
-"Hé bé, pas encore, mais si ça se présente comment je vais savoir si c'est avec celle-là que je faire ma vie?"
-Je ne sais pas si le vacher avait tout compris, les mots emmélés étaient difficiles à aligner correctement. -Il hochait doucement la tête, toujours dans ses pensées.
-"Je vais te dire, moi dans ma vie j'ai aimé une seule fois! des filles dans toutes les fêtes, dans les bals et les mariages ou je ne me faisait pas prier pour inviter à danser; aprés ça finissait derière un buisson ou dans une grange en faisant attention qu'elle ne reparte pas avec un petit pour plus tard. J'ai aimé quelqu'un,et je l'aime encore; pourtant il ne s'est rien passé entre nous deux; elle n'est plus là maintenant et j'en suis toujours chagrinné. Pour elle aussi, s'était ça l'amour! nous étions très confiant l'un pour l'autre! on se disait tout! on aurait peut-être pu se marier mais on n'en parlait jamais. Je croie que l'amour, le vrai c'est comme ça! il y quelque chose qui se déclenche en toi, d'un coup! ça te prend le ventre, la tête et tout! tu n'est plus le même en un instant. C'est la plus belle pour toi et elle le restera jusqu'à la fin de ta vie. Après tu sais, les mariages c'est une affaire d'héritage; les vieilles familles quand elles parlent d'amour, cest les sous! et puis il faut marier les filles pour les enfants. Dès fois, ils sont là, avant de passer chez le maire et le Curé. Alors magôt ou pas on t'aime pas! on te surveille surtout la santé, on attend qu'il se passe quelque chose pour savoir combien tu laisses. c'est pas ça l'amour, non c'est pas ça!"

2 septembre 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

- Victor me ferait le complément de la pharmacie; j'ajoutais tout de même quelques belles toiles d'araignées destinées à stopper les hémoragies. Roulées entre deux feuiles de journal, elles allaient prendre place au fond de la caisse avec un sachet de souffre malodorant. La tisane d'aspic, dans sa bouteille à vis prenait pas mal de place, mais il ne fallait pas rigoler avec la gâle. L'huile de cadier, aussi dans une fiole trouva un espace entre gazes de lin, et mastic à coller embaûment la résine de pin. Un petit pot d'onguant à la consoude et arnica, une fiole avec son conte-gouttes de teinture d'iode et de la javel. Pour l'instant, tout y était! Dans le couvercle de la malle, un rangement était prévu pour quelques feuilles de papier, crayons, gomme et stylo à bille. Je glissais avec, mon précieux carnet ou tout ce que m'avaient appris les vieux était noté.
-Le feuilletant je songeais qu'à une certaine époque, on aurait brûlé tout détenteur de secrets de pasteurs. Même dans l'illétrisme le plus complet tout ceux qui détenaient et avaient appris oralement les pouvoirs des bergers étaient percécutés. L'image du berger jetteur de sort, un peu sorcier reste encore de nos jours gravée dans les esprits; mais il est vrai aussi que ce compagnonage encestral à permi à tous les gardiens de troupeaux de se protèger de tous les maux corporels, ainsi que des mauvaises pensées et mauvaises actions à leur encontre.
-Parfois avec un sourire complice, on observait quelques réactions dans notre entourage.
-" Celui-là c'est mordu la langue, c'est un signe!" disait Vic.
-Mais bien souvent on venait nous consulter, toujours avec discression pour arrèter le feu des piqûres d'insectes, ou le feu des brûlures du soleil; ou bien encore celles causées par les matières grasses en cuisson qui sont les plus douloureuses et les plus longues à guérir.
-Apporter des protections aux basses-cour, aux étables sans oublier les cultures étaient presque en dates fixes tous les ans une volonté et rituel chez beaucoup de paysans.
-"La pièce ou l'oeuf" comme disaient les anciens, étaient notre récompence. Certains cas étaient très difficiles! voire sans aucune solution pour que l'animal s'en sorte. La démarche se limitait à apaiser et soulager les derniers instants de la bête avant de lui faire la prière du berger.

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30 août 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-Ce matin là, je m'étais levé plus tôt! pourquoi? tout simplement parceque le départ pour une nouvelle campagne était prôche, et que pour les hommes et les bêtes la pousse de la nouvelle herbe se faisait sentir. Il y a des nuits comme ça, qui ne se terminent pas; des nuits ou l'on profite du silence et du noir du ciel pour se lancer dans des décisions et des préparatifs personnels. Pour cette nouvelle saison, c'est moi qui préparait mon ballot. Sans bruit je partais et rejoignais presque à tâtons la grange ou les lapins à mon entrée se tapirent au fond des clapiers. La grosse lampe à pétrole balançait légèrement sur sa chaîne. Une fois la mèche allumée une vive lueur éclaira la pièce. Une souris traversa sur une poutre et dans de petits cris d'alerte alla se cacher dans un trou du mur. Les sacs de toile brute suspendus depuis l'automne à un fil de fer, tombèrent avec un bruit soud sur les pavés du sol. Dans le hâlo de lumière orange, je les déroulaient. Ils étaient intacts et les rapièçages à la ficelle avaient tenus. La porte toujours ouverte laissait échapper les particules de poussières. Dissimulé derrière un vieux tas de planches et de rebus, était mon trésor. Une grande caisse en bois dans laquelle avait pris place une partie de ma vie. J'avais cloué le couvercle une fois sûr que tout était à l'abris pour de longs mois. J'eus tot fait de retirer les pointes: et tout revint à ma mémoire. Mes doigts hotèrent la couverture trouée qui faisait moletton et sortirent délicatement les deux boites à chaussures au sein desquelles tout mon héritage de berger tenait.
Victor était remonté en fin d'automne au refuge chercher les dernières affaires qu'avait laissé Firmin en perspective d'une saison suivante. Tout avait été vite dit le jour ou nous sommes allé le visiter pour la dernière fois. Vic, s'était mis un peu à l'écart dans le couloir et nous avait laissé tous deux, l'un couché et moi assis les bras sur les genoux. Un peu plus tard il me fit signe des yeux qu'il fallait que l'on parte; une caresse sur la vieille main inerte sur le drap, un au revoir plein de larmes et je l'avais laissé pour toujours. Le vacher m'avait suivi, sa casquette à la main. les prôches dans la cuisine nous virent passer, juste un simple regard de notre part et la cour traversée, on partit au tas de bois.
-Tout cela était déjà si loin et pourtant si présent. Les sacs de papier avec à l'intérieur les plantes de la dernière récolte protègeaient de leur moelleux les fioles, l'argile, le couteau dans son étui, les cristaux sans oublier le briquet à étouppe et sa boite. Puis, sur le fond tels de petits coussins des morceaux de lins, et des pièces de coton étaient disposés sur  des aiguilles et un rasoir. L'inventaire plein de souvenirs terminé, tout reprendrait le chemin de la montagne.

20 août 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

- Tels des duvets d'oies, les flocons s'étaient remis à tomber. Le dos appuyé contre le vieux mur de la grange, on les regardais se poser au sol.
-" Il est temps qu'on en parle; philou! avant de s'en aller, l'ancien, il te l'as dit?"
Sans le voir, fixant le blanc du sol, je lui répondis:
-" OUI Vic! maintenant je sais tout! comme toi. Il m'a donné le "secret" et les dernières recommandations à son sujet. Dis Vic, toi, c'est le même que tu as?"
-Il se mit à sourire; enfonçant un peu plus ses mains dans les poches de la vareuse.
-"C'est le même! et je n'ajouterai rien de plus. Sinon, que toi aussi il te faudra trouver d'abord quelqu'un à qui tu le confiera! tu comprend? au cas ou il te faudrait partir vite en haut sans avoir eu le temps de tout dire. C'est là le plus difficile! Alors cette année qui vient, il te faut trouver quelqu'un, que tu formeras comme nous on t'a formé! j'espère que je serais avec toi encore longtemps, c'est moi maintenant qui te seconderai, en attendant...!"
-Firmin, dans les derniers jours en avait parlé; Il fallait que je trouve quelqu'un de sûr! qui saurait notre secret! Chacun possèdait ce don, et lui, celui que je rencontrerai me donnerai le sien pour ne pas qu'il se perde. Tout cela s'était embrouillé dans ma petite tête; nous étions tous pareils et pourtant si differents. Tous riches de cette seule chose qu'était notre secret seulement partagé avec l'un d'entre-nous afin qu'il ne se perde dans la nuit des temps à venir.
-" Mais comment je vais savoir, Vic qu'il faut que je le dise le secret de l'autre? "
-"Tu le sauras, croies-moi! ça fait parti, de ton héritage! mais s'est surtout une assurance pour chacun. Celui que tu croiseras, lui aussi il sera en quêtte! Voies le vieux, lui il savait que s'était le moment; et moi aussi car, nous avec l'ancien on ne s'est jamais séparé, ça aussi s'était écrit!
. Ta mission première est de transmettre le métier, et de perpétuer ce compagnonnage;  "

- Je m'imaginais, bientôt avec un jeune gars, lui montrant tout! faire comme "les vieux"! Est-ce que ma timidité serait vaincue? tout plein de questions se croisaient dans ma tête. L'angoisse grandissait maintenant.
"Hé Vic! et si s'est une fille qui vient faire le métier? qu'est qu'on fait?"
-"Qu'est ce tu fais? hé bé tu fais comme il faut faire et comme pour tous, le respect de l'être et l'assiduité à tout se que tu sais, sans rien oublier. Homme ou femme, garçon ou fille, c'est pareil! c'est pas toi qui choisit; il n'y pas d'âge pour être gardien de troupeau, et d'une bergère tu en fera une bonne vachère!"
-"Oui, mais moi je voudrais que se soit un que je connais; comme Angel! lui il sait déjà un peu les bêtes!"
-Pensif, il me regarda; l'esprit lointain il me répondit:
-"On n'a pas de nouvelles de lui! et puis, il a son maître. Ce vacher! qui fait comme moi! qui lui apprend tout! enfin je l'espère!"
-"Il allait bien ce jeune pour faire la montagne!"
-Il sortit son paquet de tabac et fit une cigarette. Vic cracha un brin accroché à la langue et alluma d'un coup de briquet. Dans un nuage bleu, il repris:
-"Il faudrait que l' on se renseigne! à savoir ce qu'il est devenu ce drôle? S'il continue,tu pourrais lui confier ton cadeau et lui le sien? On verra l'été prochain!"
-"Ho, l'heure à tourné! ta mère va t'attendre pour manger! vas y vite; on se verra dans l'aprés-midi!"

 

14 août 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-"Ah c'est toi! tu viens de finir avec jeane? Tires une chaise et viens t'asseoir au chaud!" Alors, par habitude je pris un verre dans le vaisselier. Approchant de l'âtre avec un siège à la trame éfondrée.
-"Tu as tout fait Vic?"
-"Ca y est; pour ce matin les bêtes sont pansées! on fait un peu de bois aprés le café?"
-"on fait ce que tu veut! le bois ou autre chose, il faut attendre midi!"
Pas facile à fendre ce bois! je me le pensais si fort que Vic s'en apperçut.
-"Tape pauvret! retourne ton outil sur le "souc!"
Réchauffé par force, je transpirai depuis cinq minutes à fendre un bout de frène "tout nousell"
Cette bûche sorti d'un arbre émondé année aprés année m'en faisait voir de toute les couleurs. Le vacher s'approcha. C'est en patois dans un élan prôche de la colère qu'il parla à la souche. 
-"Laisse moi faire;garçon!"
-" Tu peut croire que je vais m'occupper de toi! tu ira quand même dans le feu !"
Et vlan! le noeud majeur céda. encore un ou deux coups et c'est en deux morceaux que le bois alla gicler contre le tas de troncs.
-" Tu as compris!"
Me dit-il! Le sourire aux lèvres et satisfait.
Alors je lui saisi des mains à nouveau "la pigasse" et remis en place un autre "tross", plus facile et comme l'ancien je mis en pratique la leçon qu'il venait de me donner. 
- Vic avait fait le plein à la maison et récoltait dans un panier, morceaux de "costier et de lastes", qui servirait à allumer le feu. Un fagot de rame, à demi-pelé servirait à relancer le feu pour une semaine. Les ramures des arbres émondés en Aout servait à tout. Nourrir tout d'abord les animaux de leurs fanes, les lapins rongeaient l'écorce et se faisaient les dents. le buisson blanchi encore lié en son milieu finissaient "branquet aprés branquet" au feu. Rien ne se perdait.

8 août 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

-Janvier s'avançait;pour le cochon, sa fête arrivait. En attandant jusqu'au dernier jour il fallait le faire manger. Dans la remise enfumée une bonne odeur de bouillie fumante sortait du chaudron. Du son de blé moulu, des betteraves coupées, des patates et de vieilles pommes feraient le menu du bestiau. Il neigeait et en s'accumulant sur la treille dénudée, les flocons faisaient une tonnelle. D'un bâton fourchu, Jeanne secoua les ramures craquantes. Le fichu noué sous le menton elle entra
"-Oh petit! c'est cuit cette soupe?"
Elle jetta son châle tout mouillé sur les comportes de bois, laissées là depuis la dernière vendange. Elle tira de dessous le cantou le tabouret bien trop bas pour son dos qu'elle soutenait d'une main. Elle se mit à remuer d'un bout de bois le brouet du porc.
-"Va prendre le café avec Vic! il vient de rentrer de la grange! ensuite, si tu as du temps, tu m'égraineras du maïs!"
"-Je monte le faire maintenant Jeanne, parcequ'aprés il faut scier le bois!"
Les épis, parfois bicolores descendaient dans la machine. La manivelle me tirait sur le bras mais cela allait assez vite. Le grain tombait dans la caisse, le coeur de l'épi," le cantul" comme on disait s'éjectais en fin de course sur le sol de bois. Pour allumer le feu s'était efficace.
Les seaux fumant étaient posés dehors à refroidir. Quelques poules venaient voler le trop plein; le porc en aurait moins mais c'était prévu. Un peu de grain économisé complèterait la ration du soir. Le café était bon et réchauffait déjà les mains avant l'intérieur. 
- La grande moka laissait échapper de la vapeur par le bec, toujours posée sur la partie de la bouillotte de la grosse cuisinière. L'eau chaude tirée du robinet était appréciable. Depuis deux hiver la machine était venu se greffer avec son tuyau dans la hotte de la cheminée. Deux sources de chaleur évitait de manger avec le tricot de laine. Parfois, lorsque les pieds étaient trop glacés, vic ouvrait la porte du four et, assis sur une chaise les réchauffait à l'intérieur.  

7 août 2012

bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain. ( suite)... Volume 2 .

- Canal ne remonterai pas à Beille. Il y avait du bon et du mauvais. A notre retour, le vieux n'avait rien dit. Seul Vic, avait su le traiter de "gandoul"!
" On lui a tout fait! sa femme en vaut dix comme lui! aquello pauvrette fasio pietat! soigner les plaies et faire les ongles; lancer les bêtes à la pointe et les plier le soir. Elle faisait double journée quand elle partait, en bas au foin. Cet homme, bientôt il nous commande! il n'y en avait que pour ses vaches alors qu'il navait rien à y faire dedans. De braves bêtes, heureusement bonnes à voir et "magnagues"! toutes escaillées au carré de Nay. Il y avait des sous chez ce type; et pourtant ça se voyait pas sur lui.
- C'est vrai que cloches et animaux valaient quelque choses. Les brebis aussi étaient arrivées en état. C'est vrai que ça mange, tout l'hiver! les fenils doivent être bien tassés pour nourrir un tel troupeau.
-Mais une question nous avait tous les jours traversé l'esprit; pourquoi se louer en tant que berger, dans un domaine ou l'on ne connait pas grand chose. Certains devaient savoir, et avaient surement monté une affaire en douce. On n'avait pas tout compris, mais on tournait bien prés de la solution. En attendant à la descente le résultat n'était pas celui espèré. On n'osait pas trop en parler violemment, car les décideurs puissants en affaires tenaient tout le monde; seulement cette année là, il y avait des élections au village; et avec cette affaire, ce n'était plus la haut que ça se passait, s'était dans l'urne. Beaucoup essayaient de me faire parler, afin d'étayer leur décision future; je me réfugiais dans la peau de celui qui ne s'occupe de rien dans ce qui se dit chez les adultes.
-" Moi tout cela çà m'interresse pas, je fais le métier avec Vic! faut lui demander à lui! c'est lui le vacher!"
Ils s'en gardaient bien d'aller le cuisiner. Ce qui les rendaient malade, c'est que cette expérience de prendre quelqu'un d'ailleurs leur avait coûté cher pour des brebis mal gardées et mal menées. J'avais remarqué dès mon retour que l'estime s'était mieux investie à mon encontre. Du monde était monté pendant l'été, les yeux avaient vu des vaches, les langues en avaient parlé. La journée je la passait à suivre les bêtes et je rentrais le soir content de moi. Vic restait souvent à la cabane; il savait que tout serai fait. Les enfants du berger venaient parfois avec la mère; elle rejoignait son mari, les jeunes restaient avec Victor. Il était malin le vacher! il trouvait quelque chose pour occuper le garçon, et se faire aider. j'emmenais la fille le matin à "la virado". On ne rentrait que le soir.

 

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bergers, d'hier,d'aujourd'hui et de demain
  • Un voyage dans le monde pastoral, montagnes et monde rural. La tradition des gardiens de troupeaux , bergers, vachers. au coeur d'un recueil d'anecdotes ,de contes et de légendes, voici la naissance d'un roman pastoral pyrénéen. Un berger témoigne, depuis
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