bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

-La St Jean approchait, il ne restait de la congère que deux longues étendues blanches, parsemées de fines aiguilles de pins et de vieilles feuilles de hêtre. Le passage s'agrandissait de jour en jour et de temps en temps on y partait le soir à la fraîcheur de la nuit qui monte, quand le soleil mourant à l'horizon embrase toutes les crètes et se marie avec les nuages qui d'un coup de pinceau magique se parent du flamboyant au mauve en passant par le rose. Cette palette que le créateur nous offre avait une odeur, tout d'abord celle des mille et une fleurs en pleine éclosion aiguisées de temps en temps par celle des premiers cèpes, les plus tendre, ceux qu'il faut consommer de suite, à la grille juste salés, à la poële avec de l'ail ou tout simplement crus avec le vinaigre de vin de la vigne du "Quié" seulement accompagnés de quelques pissenlits frais et de croûtons.
A chacune de nos promenades sur le fronton de "Gériès" nous ammassions des branches et des troncs trouvés alentours, des genévriers morts, brulés par le froid et le vent d'hiver. Jour aprés jour, le monticule de bois devenait impréssionnant . Depuis les villages blottis dans les vallées, les habitants verraient monter les flammes et auraient une pensée pour nous. Cette rencontre, cette fête que nous attendions marquait enfin l'arrivée de l'été. Pendant quelques jours il y aurait grande animation sur le plateau, et celui de notre estive comme toutes les "soulanes et crètes des massifs allait connaître un afflux de visiteurs, tous venus et parfois de trés loin pour ramener les bâtons et le sel distribués par les bergers afin de prôtèger leur foyer.
Victor m'avait dit que ces échanges, cette fête était très ancienne; que c'était une fête païenne, "que nos ancètres les gaulois", pratiquaient régulièrement en cette saison et aussi à chaque changements de saison.
En face de notre estive, était celle de Verdun, mitoyenne avec la notre; Le premier plateau, sappelle "Pierrefite", la pierre levée! On ne sait ou elle est, disparue ou enterrée peut-être, mais bon! le saura -t-on un jour? Je me souviens par contre des grands blocs de granit disposés en cercle tout autour de l"ancienne cabane pastorale orientée plein Est. Il n'en reste de nos jours aucun, ensevelis dans les fondations de la route actuelle, ou bien projettés en contrebas de la prairie ou peut-être emportés à l'aide d'engins pour déco? La cabane actuelle accueille le passant directement au bord de la route. L"ancienne, elle, était située un peu plus haut; un "orry" de forme ovale dont il reste quelques vestiges, tout ayant disparu ou presque comme les arbres qui l'entourait; hêtre et sapins arrivaient assez bas à cette époque. D'ailleurs il ne reste également du sentier initial que quelques traces, quelques recoupes et traversées sur le parcours actuel.