bergers d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

-Le soir montant, les brebis sortaient des gorges verte d'"Aîgue bernine", lancées par le berger elles arrivaient sur le plateau pour se préparer à passer la nuit. Telle une immence corde elles se suivaient serrées, les agneaux dans les pattes. Le son des clochettes s'emplifiait au fur et mesures qu'elles avançaient. Réflexe inné, elles allaient aux pierres à sel cherchant un léger voile blanc resté accroché aux aspérités de la roche depuis le dernier assalage. Une forte odeur de suin et d'urine amère avait envahi aussitôt la jasse et les mouches suivant les chapelets de crôtes tournaient autour de la cabane. François s'était révéillé et d'un pas rapide se positionna sur le petit surplomb de gazon dominant l'entrée de la prairie. Son oeil ne manquait rien; il eut tôt fait de remarquer l'état des jeunes en pleine croissance. La montagne était bonne, et le gras des croûpes le faisait onduler telles les vaguelettes de rejet d'un ruisseau. J'allais rejoindre le berger qui m'accueillit d'un,
" Sa y est, tu es revenu?"
la bise à la saveur de transpiration nous fit plaisir à tous les deux.
"Vous avez ramené la mûle?"
"Non", lui repondis-je,"François n'a pas voulu la prendre, il dit qu'elle ne l'écoute pas!"
"C'est qu'elle en à peut-être peur de ce phénomène?" dit Firmin en rigolant.
" Victor est descendu ce matin, vous avez dû vous croiser, mais lui il à pris la sente de "Montredon", il vous a surement apperçu. Il va faire le foin à la "Gargante", il reviendra avec "Bijou" chargé de nouvelles provisions. C'est toi qui ira aux vaches demain! tu les méneras jusqu'à "Giral" l'herbe y est à point! le soir par contre tu les fais dormir à la mouillère pour pas qu'elles souillent le manger."
-Ce fut pour moi une joie immence. Il me confiait les vaches! Demain c'était moi le vacher! Il avait vu ma joie et me dit:
" Ne t'emballes pas trop vite il y a quand même du boulot; deux vaches tardives de "Guillaume sont prètes à vêler et la lune est bonne! il faut les surveiller parceque comme tu sais, elles vont aller se cacher et le coin est assez loin; c'est "La mascarde et la grande "courbe" celle qu'il avait acheté à "Unac". Elle a du caractère, elle risque à se jouer de toi et te faire courrir! mais le temps est au beau tu ne te perdras pas!. L'autre ira c'est sûr vers la tire de "Poussiegues", vers ceux de "Verdun", piste bien autour de toi qu' il ny ait personne autour si elle dépasse la limite, ça ferait encore des histoires."
Tout en avançant, se touchant presque, je lui parlais du village et de se qui s'y passait. Les "patanes" comme on dit chez nous, les haricots, le foin  et le jardin de Mathilde. Tout y passa en un bref instant. Avant notre arrivée je lui parlait aussi du fameux cahier de l'institutrice, celui avec lequel je devais devenir"savant" en une saison! Il stoppa net sa marche qui me retint également
"Il faut que je te fasse faire le cahier?, et elle croît que j'ai que ça à faire moi?"
"De toute façon, il va falloir que tu m'aides, sinon l'estive s'est fini pour moi! et c'est mon père qui me l'a promis!"
"Bon; on rentre; tu me le montrera ce cahier! on verra ce que l'on peut faire!"....